Construisons un territoire durable

Pour aller plus loin

Le changement climatique et l'érosion de la biodiversité sont deux problématiques intimement liées. Il est vital de préserver la biodiversité, mais pour bien la protéger, il faut bien appréhender son rôle. Pour aller plus loin, vous donne quelques clés de compréhension et d'actions.


Les trames écologiques : des bénéfices multiples pour les humains


Les projets

CRÉER UNE MARE

Une mare est un havre de paix pour les espèces animales et végétales aquatiques ou semi-aquatiques, comme toute autre zone humide. Le fait d’en créer une dans votre propriété, permet à la vie, notamment animale, de s’épanouir dans votre environnement en plus d’ajouter une valeur esthétique. Grenouilles, têtards, tritons, libellules..., maillons indispensables des chaînes alimentaires, sont autant d’espèces que vous favoriserez et que vous aurez plaisir à découvrir, à contempler. Outre la présence de ces espèces sur votre propriété, la mare que vous allez créer viendra compléter le maillage de mares et de points d’eau existant dans les alentours. Les animaux et les végétaux pourront donc transiter pour y accomplir tout ou partie de leur cycle de vie. Elle contribuera à la trame bleue de votre territoire en constituant un réservoir de biodiversité et en favorisant le déplacement des espèces.

La chasse aux idées reçues

Des moustiques en plus dans mon jardin ? Non, car les larves des moustiques seront mangées par les animaux aquatiques (amphibiens, libellules, coléoptères aquatiques). De plus, les chauves-souris mangent les moustiques adultes. Dans une mare, des chaînes alimentaires se mettent en place et les populations d’animaux s’autorégulent : plus il y aura de proies et plus il y aura de prédateurs et inversement, contrairement à des eaux stagnantes dans des fonds de pots de fleurs ou autres qui favorisent le développement des larves de moustiques car sans prédation.

Chiffres clés : La biodiversité est foisonnante dans une mare, c’est 25% de la biodiversité en Europe qui est présente dans les mares. Et pourtant rien qu’en France 50% d’entre elles ont disparu depuis 1950.

PLANTER UNE HAIE VARIÉE

La constitution d’une haie libre permet de retrouver les nombreux avantages d’une haie monoculture, tout en apportant à votre jardin originalité et esthétisme tout au long de l’année. A la différence d’une haie à espèce unique, la haie variée vous gratifiera d’une multitude de couleurs, de teintes et de formes selon les espèces. De plus, elle jouera un rôle d’une grande valeur écologique pour les nombreuses espèces environnantes. C’est un abri idéal contre le vent, le froid, la chaleur et les prédateurs. Les oiseaux pourront idéalement y faire leur nid. C’est aussi un réservoir de nourriture : fleurs à nectar, fruits, graines, insectes feront le régal de nombreux oiseaux et mammifères. Votre haie contribuera au maillage de haies présent dans les alentours pour favoriser le déplacement des espèces ; déplacement nécessaire à leur alimentation et à leur reproduction. Sans elles, beaucoup d’espèces sont vouées à la disparition, mangées trop facilement par les prédateurs, dans l’impossibilité de nicher ou simplement en manque de nourriture. La haie est donc un élément indispensable de la trame verte de votre territoire.

La chasse aux idées reçues

Une haie n’a pas besoin d’être trop taillée, cette préoccupation est esthétique ou liée au manque de place. La nature n’a pas besoin d’être gérée par l’homme, elle sait s’auto-réguler, pourquoi ne pas laisser faire le cycle de la nature. Vous pouvez laisser un tas de feuilles ou de branchages dans un coin près du compost, vous aurez peut-être la visite d’un hôte hérisson. Une haie diversifiée d’espèces locales à feuilles caduques aura bien moins besoin d’être taillée qu’une haie monospécifique à forte croissance (type thuyas ou cyprès).

Chiffres clés : Depuis les années 80, 15 000 km de haie disparaissent chaque année en France du fait notamment du remembrement (regroupement des parcelles agricoles).


INSTALLER UN HÔTEL À INSECTES

L’installation d’un hôtel à insectes (ou de plusieurs gîtes plus petits) attirera et accueillera les insectes pollinisateurs et autres auxiliaires du jardin. Coccinelles, abeilles solitaires, pince-oreilles, etc trouveront refuge dans votre ouvrage et pourront y passer l’hiver et pondre. Il vous suffit de construire une structure à casiers et de les remplir d’une multitude d’éléments naturels, correspondant à diverses niches pour les insectes : tiges creuses, bûchettes percées, tiges à moelle, pommes de pin, cailloux, paille, écorce, coquilles d’escargot… Un tas de branches et de bois mort vous permettra d’améliorer encore plus la biodiversité (crapauds, hérissons, carabes) de votre jardin pour qu’il retrouve un équilibre écologique. Toutes ses espèces seront utiles à votre jardin (ou celui de votre voisin) pour polliniser fleurs, arbres fruitiers, plantes potagères et vous débarrasser des indésirables (pucerons, limaces, escargots...). En donnant à votre hôtel la forme que vous souhaitez, cet aménagement peut devenir esthétique. Ainsi, plus besoin de produits chimiques. C’est la garantie d’un jardin équilibré, naturel et de pouvoir consommer des légumes sains. Ces espèces se retrouvent bien évidemment à l’état naturel aussi.

Chiffres clés : Chaque jour, une coccinelle mange jusqu’à 100 pucerons.


PRATIQUER LE JARDINAGE BIOLOGIQUE

La pratique du jardinage écologique garantit une production de fruits et légumes sains et un environnement naturel de qualité. En deux mots : bannir les produits chimiques et adopter des pratiques respectueuses des espèces et de l’équilibre du sol. Remplacer les produits chimiques par des produits naturels (compost, purin...) et techniques douces (grelinage, désherbage manuel, association de plantes…) Economiser le travail : le paillage et une occupation maximum du sol permettent d’éviter que les plantes indésirables poussent et de limiter les besoins en eau. Recréer un écosystème équilibré en favorisant l’accueil de tous les maillons des chaînes alimentaires : vos salades vont attirer limaces et escargots. Installer un tas de branches attirera les carabes et les crapauds qui se délecteront de ces mollusques. Réduire vos déchets en les compostant vous permet de créer votre propre engrais naturel. Diversifier les espèces et les espaces en associant les plantes et en multipliant les variétés. Votre potager peut être agrémenté d’une petite zone humide (mare), d’une haie variée, d’arbres fruitiers, de nichoirs, d’hôtels à insectes… Plus il y aura d’habitats et d’espèces, plus votre jardin sera proche de son fonctionnement naturel.

Chiffres clés : Un bon paillage vaut 10 arrosages. 1 300 000 litres/an de pesticides sont utilisés en France par les particuliers. Depuis début 2019, il est devenu impossible de vendre des pesticides de synthèse à des particuliers. Les stocks doivent être ramenés en déchetteries dans une armoire spécifique fermée pour leur risque sanitaire.


INSTALLER DES NICHOIRS

Dès le retour des beaux jours, les oiseaux, qu’ils soient migrateurs ou non, cherchent un endroit pour fonder leur famille et se reproduire. Dans la nature, ils construisent un nid en torchis sous les toits, en mousse et divers éléments glanés dans une haie, occupent une cavité d’un arbre ou d’un mur ou nichent tout simplement au sol. Installer un ou plusieurs nichoirs dans votre jardin offre un gîte à divers oiseaux. Cela leur permet aussi de se mettre à l’abri, et de protéger les jeunes des prédateurs. De leur forme, leur dimension et leur emplacement dépendra l’espèce que vous aurez la chance de pouvoir observer. Pour garantir leur venue, il faut idéalement qu’ils aient aussi de la nourriture et de l’eau. Un jardin varié et naturel comptant haie libre, potager, point d’eau etc. rassemble toutes ses conditions. Certaines espèces seront vos meilleures alliées pour lutter contre les petits insectes indésirables de votre potager. L’installation de nichoirs parfait le maillage de gîtes dont les oiseaux ont besoin pour leur déplacement. Ils contribueront ainsi aux corridors biologiques de votre territoire.

Chiffres clés : 1/3 des oiseaux des milieux agricoles et bâtis a disparu de France métropolitaine en 30 ans. Un couple de mésanges consomme jusqu’à 500 insectes par jour.


CONSERVER DES OUVERTURES DANS LE BÂTI

En France métropolitaine, 30 % des oiseaux inféodés aux milieux bâtis ont disparu en 30 ans et en seulement 10 ans, 38 % des chauves-souris ont connu le même sort. Destruction de leurs habitats, pollution lumineuse, raréfaction de leur régime alimentaire, inaccessibilité des zones de nidification (grange, clocher, comble, grenier…) en sont notamment à l’origine. Certaines espèces sont totalement dépendantes des bâtiments construits par l’Homme. Bâtiments qu’elles occupaient auparavant en toute tranquillité. Tandis que les nouvelles constructions sont dépourvues d’ouvertures permettant d’accéder aux toits, les ouvertures des plus anciennes sont colmatées, interdisant ainsi toute possibilité d’entrée à certains oiseaux ou à nos mammifères volants, pourtant grands consommateurs d’insectes (moustiques...). Maintenir ces ouvertures ou les recréer favorise l’accueil de ces espèces indispensables à l’équilibre de nos écosystèmes et à notre bien-être. Ceci contribue également à la reconstruction ou à la reconsolidation des effectifs de certaines espèces de nos jours en grand danger d’extinction (chouettes, chauves-souris, hirondelles…).

La chasse aux idées reçues

Halte aux mythes : les chauves-souris ne sucent pas le sang, ne s’accrochent pas dans les cheveux, ne rongent pas les fils électriques et ne dégradent ni les boiseries ni l’isolation. Les chouettes quant à elles ne sont pas synonyme de mauvais présage et les hirondelles ne font plus le printemps.

Chiffres clés : 1/3 des oiseaux des milieux agricoles et bâtis a disparu de France métropolitaine en 30 ans. Une Pipistrelle commune (chauve-souris) de 5 grammes peut consommer jusqu’à 3 000 insectes par nuit !


LIMITER OU AJOURER LES CLÔTURES

Votre jardin pourrait être un havre de paix pour certaines espèces. Pourquoi en faire un vase clos ? Les hérissons et les crapauds, notamment, doivent pouvoir avoir accès à votre jardin. Ils vous seront très utiles pour vous débarrasser des espèces qui grignotent vos salades et autres légumes tendres. La plupart des jardins sont barricadés par des murs, grillages ou autres clôtures infranchissables par ces animaux. Leur ménager un ou plusieurs points d’accès leur facilitera la vie et vous épargnera la déception des ravages causés par les escargots et limaces. Pour ce faire, rien de plus simple. Découpez votre grillage et installez-y un bout de tuyau ; découpez une ou deux lattes de votre palissade ou prévoyez un petit tunnel dans votre nouveau mur. Ce petit aménagement, non coûteux, fera des heureux. Ainsi, fini les barrières obligeant certains animaux à traverser les routes (au risque de se faire écraser) et limitant leurs déplacements nécessaires à leur reproduction et à leur alimentation. Vous contribuerez ainsi à la libre circulation des espèces.

Chiffres clés : 2/3 des hérissons ont disparu en 20 ans. Les experts estiment que, d’ici 2025, cette espèce aura totalement disparu en France.


PLANTER UNE PRAIRIE FLEURIE

Vous aimez que votre pelouse soit bien tondue ? Vos enfants adorent y jouer et vous, y marcher pieds nus ? Pensez à tous ces insectes en quête de pollen et de nectar. Il est très favorable pour la biodiversité de votre jardin de ménager des espaces dans lesquels on laisse s’épanouir la flore locale. Vous pouvez donc laisser pousser « l’herbe » aux endroits choisis et ne tondre qu’une fois par an sur tout ou partie de votre jardin. Cela permettra d’une part aux plantes d’accomplir leur cycle de vie complet (floraison, production de graines) et d’autre part, d’accueillir les insectes pollinisateurs (papillons, abeilles…). Il est aussi possible de planter une prairie fleurie. Il faut choisir les graines adaptées à votre terrain. Il existe des mélanges de graines prêts à planter, au choix, en fonction de la vocation qu’on souhaite donner à cet espace (attirer les papillons, protéger les cultures, nourrir le sol, développer la cueillette...) ; de la couleur, des variétés (anciennes, odorantes… )... mais il faudra toujours privilégier des espèces locales qui s’adapteront particulièrement à notre climat. Apporter des fleurs dans votre jardin contribuera à améliorer sa biodiversité, constituera une zone de refuge pour certaines espèces et d’alimentation pour d’autres. Vous participerez ainsi à recréer le maillage de prairie libre dont la nature a besoin pour pleinement s’épanouir.

Chiffres clés : Une prairie fleurie comporte 5 fois plus d’espèces végétales qu’une pelouse classique.


SE DÉPLACER À VÉLO

Laisser sa voiture au garage et la troquer contre un vélo, en voilà une bonne idée pour la biodiversité ! En plus de ne pas émettre de gaz à effet de serre et des polluants potentiellement cancérigènes, ce geste malin contribue à la protection de la biodiversité. En effet, qui dit vélo dit pistes cyclables, beaucoup plus vertes que les routes, et moins de voitures. Autant de collisions évitées entre animaux et automobilistes. Ces espèces seront également moins menacées par les changements climatiques. De plus, développer la pratique du vélo nécessite de repenser l’organisation des villes et la place des modes de déplacements doux pour des espaces urbains plus écologiques. En ville, se déplacer ainsi permet même de gagner du temps : jusqu’à cinq kilomètres de trajet, le vélo est en effet plus rapide que la voiture (15 km/h pour le vélo et 14 km/h pour la voiture). Les pistes cyclables et voies vertes peuvent constituer d’excellents corridors biologiques pour les espèces animales qui pourront les emprunter la nuit sans risques d’écrasement.

Chiffres clés : En moyenne, un trajet en vélo d’1 km produit 0 g de CO2 contre 80 g en bus et 310 g en voiture.


S’APPROVISIONNER AU MARCHÉ LOCAL

Faire ses courses est un acte quotidien et non sans conséquences. Le choix fait pour ses achats peut contribuer à la protection de l’environnement. Se rendre sur un marché de producteurs garantit d’y acheter des produits locaux et de saison. Ainsi, fini les tomates et courgettes en plein hiver et les produits laitiers ayant parcouru des centaines de kilomètres avant d’atterrir dans votre panier. Si en plus, vous choisissez de vous servir chez des producteurs bio ou auprès de paysans pratiquant une agriculture raisonnée vous êtes sûrs de consommer des produits sains, de qualité et riches en goût. La pratique d’une agriculture locale biologique (ou à défaut raisonnée), contribue au développement de la vie économique de votre territoire et au maintien des équilibres des écosystèmes, des paysages et à la sauvegarde des espèces de nos milieux ruraux. Les études montrent également qu’elle est synonyme d’une meilleure qualité et gestion de la ressource en eau et s’accompagne d’une meilleure maîtrise des consommations énergétiques. Généralement, une exploitation biologique ou paysanne est constituée d’un maillage des milieux naturels (haies, prairies, champs, zones humides) dans lesquels sont respectés les rythmes naturels et où les espèces animales et végétales y accomplissent sereinement leur cycle de vie. Ce sont également des zones de refuge pour les animaux de passage.

Chiffres clés : Une tomate cultivée et consommée hors saison demande 4 fois plus d’eau et 10 fois plus d’énergie qu’une tomate locale de saison.


ISOLER SON HABITAT

Le chauffage représente 67 % des consommations énergétiques d’un foyer. Or, nos consommations énergétiques sont responsables d’émissions de gaz à effet de serre qu’il faut contenir, dans le contexte de réchauffement climatique actuel, pour ne pas faire bouillir notre planète. Il est prouvé que 30 % des déperditions de chaleur d’une maison se fait par la toiture et 25 % par les murs. Isoler son habitation est donc l’une des priorités pour réduire nos consommations et donc nos factures et limiter l’importance des changements climatiques. N’oublions pas que l’effet de serre et les conséquences qui en découlent n’impactent pas seulement l’Homme mais aussi et d’abord la faune et la flore qui n’ont pas toujours le temps de s’adapter pour faire face à la brutalité et la rapidité du bouleversement que connaissent nos écosystèmes. De nombreuses plantes et animaux (qui sont d’ailleurs étroitement liés) risquent de disparaître, accompagnant ainsi les 60 % de la population de vertébrés déjà disparus en 40 ans sur Terre. L’explosion de nos consommations énergétiques est aussi à l’origine de la surexploitation des ressources naturelles, qui s’accompagne de fortes dégradations (voire disparitions) des milieux naturels et des espèces qui y vivent. Faire attention à nos consommations est donc une question plus vaste que la production de gaz à effet de serre ou du montant de nos factures. En dépend aussi l’avenir du monde animal. Cela contribue à la transition écologique dont la planète a besoin. Différents matériaux d’isolation existent. Afin de réduire l’impact environnemental de l’isolation de notre habitat et nous garantir une meilleure santé et qualité de vie, il est préférable de choisir des matériaux bio-sourcés : laine de bois, chanvre, lin, laine de coton, liège, ouate de cellulose...

Chiffres clés : Vous pouvez réduire jusqu’à 30 % votre facture d’énergie en isolant votre maison.


RÉCUPÉRER L’EAU DE PLUIE

Même si nous vivons sur la planète bleue, recouverte à plus de 70 % d’eau, moins de 1 % serait utilisable c’est-à-dire, douce et disponible. Pourtant, l’eau est vitale. Elle constitue 65 % de notre corps et en moyenne 60 % des animaux et 75 % des végétaux. De nos jours, les périodes de sécheresse sont de plus en plus fréquentes, les nappes phréatiques et les rivières sont régulièrement à sec. Installer un récupérateur d’eau de pluie peut s’avérer très utile, notamment pendant l’été pour arroser son potager et ses plantes vertes. Cette installation peut être simple et peu coûteuse. Une cuve ou un bidon, un système d’adaptation à sa descente de toit et le tour est joué. Mais pourquoi ne pas aller plus loin, l’eau des toilettes et de la machine à laver doit-elle forcément être potable ? Des systèmes existent pour alimenter ces équipements avec de l’eau de pluie. Utiliser l’eau de pluie permet de ne pas gaspiller l’eau potable, tout en faisant des économies.

Chiffres clés : 0,0001 % de l’eau présente sur Terre est disponible et potable.


INSTALLER DES RUCHES

Les abeilles sont des espèces dont on redoute la piqûre, très appréciées pour le miel qu’elles produisent et surtout menacées de disparition. Avec quelques connaissances en apiculture, il est simple d’installer et de gérer une ou plusieurs ruches dans une prairie ou à l’orée d’un bois. Quelques règles garantissent leur survie et la protection de nos enfants contre les piqûres. L’abeille, au même titre que tous les insectes pollinisateurs, est un maillon indispensable de nos écosystèmes, base de notre alimentation. Sur les cent espèces végétales qui fournissent 90 % de la nourriture dans le monde plus de 70 % dépendent des abeilles pour leur pollinisation. D’après les spécialistes de l’INRA, 84 % des espèces de plantes à fleurs répertoriées sur notre Terre ont besoin des abeilles et 85 % des plantes cultivées en Europe ne survivraient pas sans ce service de pollinisation irremplaçable qu’assurent les butineuses. Au même titre que l’Homme, les espèces végétales sont menacées par la disparition des abeilles. Sans elles, plus de fleurs, plus de fruits, plus de graines, plus de biodiversité. Petit bémol, là où les populations d’abeilles sauvages se portent bien, l’installation de trop nombreuses ruches génère une surpopulation et donc de la compétition, pas toujours favorable aux espèces sauvages.

Chiffres clés : Il existe environ 20 000 espèces d’abeilles répertoriées dans le monde.


CRÉER UN VERGER CONSERVATOIRE

L’industrialisation de l’agriculture accompagnée d’une standardisation des productions et des consommations, notamment de fruits, ont généré le déclin de centaines d’espèces d’arbres fruitiers. La richesse patrimoniale de nos vergers est en pleine déperdition. Alors pourquoi ne pas créer un verger conservatoire ? C’est l’assurance de (re)découvrir des variétés anciennes de fruits, des goûts, des formes et des couleurs oubliées. Le verger conservatoire est un lieu de « mémoire » et de conservation de la diversité biologique et génétique de variétés locales et anciennes de fruits. Ces variétés sont d’ailleurs également bien mieux adaptées à nos climats et donc moins sensibles aux maladies et divers autres aléas. L’esprit d’un verger conservatoire est aussi le respect de la flore et de la faune associée... de la biodiversité, en y favorisant la multiplicité des habitats pour la faune et la flore auxiliaires (haie libre, zone humide, prairie fleurie…). Cette action contribue donc largement au maintien de la biodiversité et entre dans le programme de restauration des trames vertes et bleues initié par les collectivités.

Chiffres clés : Il existe en France environ 5 000 espèces différentes de pommes.


CRÉER UN MAGASIN DE PRODUCTEURS OU UNE AMAP

Consommer en circuits courts est l’une des solutions indispensables à la transition énergétique et à la protection de l’environnement. Réduire les distances parcourues par nos fruits et légumes et les consommations énergétiques, développer l’économie locale, favoriser les productions saisonnières, soutenir un mode de production respectueux de l’environnement voici les principaux bienfaits d’une telle démarche. Pour développer ce mode de consommation, les producteurs et les consom’acteurs ont besoin de points de rencontre/vente. Que vous soyez producteurs et/ou simples citoyens, vous pouvez créer un magasin de producteurs (ou y prendre part), une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) ou encore un groupement d’achat. Ainsi, vous contribuez au respect de la biodiversité, au maintien des paysages et vous développez le tissu social et associatif dont tout territoire a besoin pour répondre au volet social du Développement Durable. Il est urgent pour la planète de changer nos modes de consommations, alors pourquoi ne pas y contribuer.

Chiffres clés : Depuis la création de la première AMAP en 2001, la France en compte plus de 2000 en 2015.


FAVORISER LA NATURE EN VILLE

Parce que la nature en ville nous rend bien des services, il est indispensable de la voir s’y développer. Réduction des îlots de chaleur urbains, bien-être physique et mental, création d’un lien social, lutte contre les pollutions atmosphériques, protection des sols, amélioration de la biodiversité et régulation des eaux, réduction des bruits sont autant de vertus attribuées par les spécialistes à nos amis les végétaux. La minéralisation de nos rues et places est donc un fléau pour notre environnement et notre santé. Il est encore temps de repenser l’aménagement de nos espaces urbains pour répondre notamment aux enjeux du réchauffement climatique (pollutions et chaleur). En tant que citoyens ou collectif de citoyens, votre avis compte. Rendez-vous dans les conseils de quartier, les réunions de copropriété, votre association de quartier ou encore les conseils municipaux pour faire entendre votre voix « verte », demandez à être associés aux décisions d’aménagement de votre rue, votre cour ou votre place. Le retour du végétal en ville peut aussi être source de croissance économique et sociale : un meilleur cadre de vie augmente la valeur du marché immobilier, les jardins éphémères et potagers de rue sont sources de productions de légumes qui peuvent être vendues ou à défaut générer du lien social. Comme le végétal attire la faune, la biodiversité de votre ville s’en trouve donc améliorée. Cela contribue donc au maintien de la biodiversité, objectif visé par les trames vertes et bleues du contrat corridors de votre territoire.

Chiffres clés : En ville, l’air d’un petit espace arboré peut être inférieur de 4°C par rapport à celui d’un espace construit.


PROTÉGER LES BERGES DES RIVIÈRES

Les cours d’eau, éléments indispensables de l’équilibre de nos écosystèmes sont soumis aux évènements climatiques dont l’intensité et la fréquence s’accélèrent ces dernières années en conséquence directe du réchauffement climatique et face auquel il nous est difficile d’agir. Néanmoins, ce milieu est également soumis aux activités humaines (économiques, touristiques, agricoles...) qui peuvent lui être tout autant préjudiciables. Les berges des cours d’eau sont un des éléments interdépendants de l’écosystème « rivière », avec le lit et la ripisylve ; c’est pourquoi il est important de les protéger (ou autrement dit, les mettre en défens). Le piétinement du bétail déstructure et endommage les berges et contribue à la dispersion des sédiments, modifiant la turbidité (transparence), ce qui dérègle le cycle de vie de la faune et la flore aquatique. La mise en défens consiste à protéger notamment les berges du piétinement du bétail et éloigner les Hommes des bords hauts des berges. Cette action peut prendre la forme d’une clôture le long des berges et de canalisation du bétail sur des zones d’abreuvement aménagées. Ainsi les bêtes n’impactent qu’à un seul endroit les berges du cours d’eau. Cette mise en défens peut aussi être complétée par la création d’ouvrages de franchissement des cours d’eau par le bétail ou les randonneurs, limitant ainsi les traversées dommageables pour les rivières. Ce type d’aménagement entre pleinement dans le maintien de la biodiversité et la restauration des trames bleues d’un contrat corridors.

Chiffres clés : La consommation d’eau de piètre qualité provenant d’un cours d’eau piétiné peut diminuer de 9 % la production de lait d’une vache et provoquer une perte de poids de 30 %.


DÉVELOPPER LE COMPOSTAGE

Les biodéchets représentent jusqu’à un tiers du poids de notre poubelle d’ordures ménagères, soit une centaine de kilo par an et par personne. D’ici 2023, il ne nous sera plus permis de mettre nos biodéchets dans nos poubelles. En effet, ceux-ci devront être triés à la source et valorisés. Pour se faire, les collectivités en charge de la gestion des déchets réfléchissent à des solutions et notamment à développer le compostage dans leur territoire. Composter ses biodéchets, c’est reproduire la biodégradation naturelle de la matière organique. Cela permet de réduire les pollutions dues à l’enfouissement et à l’incinération et valoriser nos déchets en un engrais naturel et gratuit. Différents types de compostage existent, adaptés à chaque situation. Le lombricompostage en appartement, le compostage individuel pour les occupants de maison individuelle, le compostage semi-collectif (ou de quartier) et le compostage industriel (en plateforme). Pour réussir un bon compost, ce dernier a besoin, d’air, d’eau (mais pas trop), d’un équilibre et de diversité dans les apports (matières sèches et humides). Les guides et maîtres composteurs des collectivités et des associations sont présents sur les territoires pour accompagner les projets, conseiller et former les citoyens aux bonnes pratiques du compostage. Renseignez-vous. L’emploi du compost, en tant qu’engrais, dans les jardins particuliers, les espaces verts municipaux et des copropriétés permet l’arrêt des produits phytosanitaires de synthèse et contribue donc à la préservation de la biodiversité, des eaux, des sols, de l’air et de la santé publique.

Chiffres clés : En 2016, en France, 4,6 tonnes/habitant de déchets (tous déchets confondus) ont été produites.


PRÉSERVER DES ZONES HUMIDES

Une zone humide est un lieu où vies aquatique et terrestre se mélangent ; ce qui lui confère sa grande richesse biologique. C’est un terrain gorgé d’eau (douce, saumâtre ou salée) ou inondé de manière permanente ou temporaire. Il peut s’agir d’un marais, d’un bras mort d’une rivière, d’une prairie inondable, d’un fossé, d’une tourbière... Ces milieux naturels ne sont pas que des lieux de refuge, de reproduction ou d’alimentation pour les espèces. Les zones humides sont indispensables pour les avantages infinis ou « services écosystémiques » qu’elles procurent à l’humanité, de l’apport d’eau douce à l’alimentation et aux matériaux de construction en passant par la biodiversité, la maîtrise des crues, la recharge des nappes souterraines et l’atténuation des changements climatiques. Pourtant, les zones humides sont menacées : destruction par les remblais et le développement des infrastructures ; pollutions (rejets d’eaux domestiques, pratiques agricoles) ; assèchement (drainage, imperméabilisation des sols, prélèvement en eau) et évolution naturelle (l’embroussaillement est la menace la plus importante d’où la nécessité d’un entretien des milieux). Leur préservation est donc un enjeu majeur de notre siècle. C’est pourquoi les contrats corridors mettent l’accent sur les mesures de restauration et de conservation de ces milieux constitutifs de la trame bleue d’un territoire. Il est donc indispensable que chacun, individuellement ou collectivement, agisse en faveur de ces milieux indissociables de l’humanité.

Chiffres clés : Au cours des 50 dernières années, plus de la moitié des zones humides ont disparu en France.


PROTÉGER DES ÎLOTS DE FORÊT

La forêt, milieu naturel dominé par les essences de la strate arborescente, peut être de différents types selon le climat, la latitude, l’altitude ou le type de sol : tropicale, boréale, méditerranéenne, tempérée... La forêt primaire (vierge), non transformée par l’Homme, libre d’évoluer sans intervention humaine n’existe plus en France (sauf en Guyane). Notre pays compte des forêts anciennes, secondaires, c’est-à-dire, qui ont repoussé sur une forêt autrefois détruite, dégradée, significativement modifiée ou exploitée par l’Homme. Pourtant, ce type d’évolution libre a bien des intérêts. La surexploitation des forêts, au même titre que celle de nos champs, génère un appauvrissement des sols. Du fait de l’absence de matière organique morte tombant au sol (branches, bois...), celle-ci ne peut s’y décomposer et se transformer en éléments minéraux assimilables par les plantes. De plus, une forêt qui vieillit naturellement abrite beaucoup plus d’espèces qu’une forêt gérée, par exemple pour sa production de bois. En effet, elle propose plus de diversité pour un meilleur équilibre écologique : vieux arbres en décomposition, cavités dans les troncs, diversité de taille, représentation de l’ensemble des strates (muscinale, herbacée, arbustive et arborescente), ouvertures de milieux (clairière)... La forêt est le poumon vert d’un territoire et le second puits de carbone (c’est-à-dire captant le CO2 atmosphérique) de la planète après les océans. Elle produit l’oxygène que nous respirons et absorbe une partie des gaz à effet de serre que nous produisons. C’est pour cette raison et pour sa contribution à la richesse biologique d’un territoire qu’il est indispensable de préserver des espaces de forêt en évolution libre. Ces îlots de forêt constituent les réservoirs de biodiversité reliés par les trames vertes indispensables au bon fonctionnement écologique d’un territoire.

Chiffres clés : La France métropolitaine compte 30 % de son territoire en boisement et 136 espèces d’arbres. Seulement 16 % des forêts françaises comptent plus de 2 espèces.


CRÉER DES PARKINGS PERMÉABLES ET ARBORÉS

À l’heure où les changements climatiques ne sont plus à prouver, les épisodes pluvieux s’intensifient et arrivent de plus en plus fréquemment, générant des inondations dans les villes et les campagnes. L’une des principales causes de ces inondations est l’imperméabilisation des sols. Nos sols sont de plus en plus bétonnés, goudronnés, compactés. Par conséquent, l’eau ne peut plus s’y infiltrer et alimenter les nappes phréatiques... elle ruisselle, suivant la pente naturelle, des torrents arrivent à traverser villes et villages. Il est urgent de revoir notre conception de l’aménagement de ces zones de stationnement en les laissant perméables et en les arborant. En effet, d’une part l’eau continuera à s’infiltrer dans le sol au lieu de ruisseler et d’autre part, la végétation stabilisera le sol et absorbera une certaine quantité d’eau. Les techniques sont connues. Il ne reste plus qu’à les appliquer systématiquement. Ainsi le ruissellement des eaux pluviales ne sera plus un problème. De plus, en apportant du végétal (arbres, pelouse,…) la biodiversité de ces espaces bétonnés trop souvent pauvres en vie animale et végétale est améliorée et la température ambiante diminuée en période de forte chaleur.

Chiffres clés : Une surface, d’espaces naturels ou agricoles, équivalente à un département, disparaît tous les 7 ans en France sous la pression du minéral.


MAINTENIR ET DÉVELOPPER DES PAYSAGES BOCAGERS

On appelle bocage une région où les champs et les prés sont enclos par des levées de terre portant des haies ou des arbres marquant les limites de parcelles de tailles et de formes différentes. Ses réseaux de prairies, haies, talus et fossés sont des éléments fonctionnant comme des corridors biologiques. Les haies protègent du vent, permettent une meilleure rétention de l’eau, une forte limitation de l’érosion et la conservation de la qualité de l’eau des rivières. Ce type de paysage est directement lié à l’activité agricole de nos territoires. La transformation de nos systèmes agricoles dès la deuxième moitié du XXème siècle a été à l’origine du péril de nos paysages bocagers. En effet, avec les tracteurs de plus en plus imposants, la recherche de toujours plus de productivité, de facilité et de rapidité, a poussé l’État à promouvoir le remembrement. Ainsi là où un paysage comptait des dizaines de petites parcelles et des kilomètres de haie, sont apparus de très grands champs et les haies ont disparu au profit des fils barbelés. C’est tout un équilibre qui s’est brisé. Les haies abritant les prédateurs naturels des espèces indésirables ayant disparu, rats, souris, limaces, insectes et autres parasites ont pullulé, nécessitant une lutte chimique. Il est donc important et nécessaire de maintenir ces paysages encore existants et de promouvoir et développer cet ancien mode de fonctionnement agricole, pour une amélioration des fonctionnalités écologiques de nos campagnes, un retour à l’équilibre, la préservation des corridors écologiques et le maintien de leur qualité sur nos territoires.

Chiffres clés : On estime que 40 à 80% des bocages d’Europe ont disparu depuis les années 1960.


PRATIQUER LA FAUCHE RAISONNÉE

La France compte plus d’un million de km de routes. Leurs abords, régulièrement fauchés, représentent une superficie d’environ 3 400 km². Ces espaces sont de vrais corridors biologiques. De nombreuses espèces y vivent et s’y déplacent ainsi que dans les fossés longeant le réseau routier. Leur richesse biologique peut être très impactée par un nombre accru de fauches. Les plantes n’ont ainsi pas le temps d’y accomplir leur cycle de vie complet, pour arriver jusqu’à la floraison puis la formation des graines. Les fauches trop nombreuses contribuent également à l’érosion des sols, à la banalisation des milieux et à l’apparition de plantes indésirables souvent plus résistantes (ambroisie…). Faucher autant que nécessaire mais aussi peu que possible. La fauche raisonnée, pour le respect de la biodiversité, est un mode de gestion planifié, rationalisé et adapté à la fois aux besoins sécuritaires et aux espèces peuplant ces milieux. Elle consiste à ne faucher qu’en cas de nécessité sur une bande moins large. Les coupes de sécurité sont donc réalisées seulement lorsqu’elles sont nécessaires et les talus sont fauchés une fois par an à l’automne. Cette pratique tend à se généraliser sur les espaces routiers mais les élus et les usagers de la route ne sont pas toujours convaincus. Pourtant, à l’heure où la biodiversité est en danger, la fauche raisonnée est indispensable pour le maintien de la biodiversité sur notre territoire. Cette technique d’entretien des bords de routes ou dépendances vertes routières, accompagnée de l’arrêt des produits phytosanitaires contribue directement aux actions de préservation et de restauration des trames vertes et bleues.

Chiffres clés : Les dépendances vertes routières représentent près de 10 fois la superficie des Réserves Naturelles Régionales de France.


DÉCOUVRIR LES RIVIÈRES CANALISÉES

Les villes se sont généralement bâties le long des rivières et des fleuves. L’eau est vitale et a toujours été utile à l’Homme pour son alimentation, ses déplacements, son industrie, ses loisirs et son hygiène. Certaines villes, lors de leur expansion, du fait de l’industrialisation, ont couvert leur rivière pour gagner de la place, emprisonner les mauvaises odeurs dues aux rejets d’eaux usées et faciliter les déplacements d’une rive à l’autre. À cette période, les rivières de ces villes sont, petit à petit, devenues un milieu pollué et stérile. Les cours d’eau sont pourtant des corridors biologiques formidables. Leur richesse biologique, tant animale que végétale est importante. De très nombreuses espèces en dépendent. Les poissons remontent nos rivières pour se reproduire, les graines de certains arbres flottent et suivent le courant pour se déposer et germer en aval, certains animaux les utilisent comme voie de déplacement… Assainir et surtout découvrir ces rivières répondent donc pleinement aux objectifs de restauration des trames bleues de notre territoire.

Chiffres clés : Il a fallu 350 ans pour que le Furan, rivière traversant la ville de Saint-Étienne, soit progressivement couvert sur une distance de 5 km.


RESTAURER LES COURS D’EAU

Les rivières traversent nos champs, nos forêts, nos villages... elles font partie intégrante de nos paysages et sont indispensables au bon fonctionnement écologique de nos écosystèmes. Naturellement, les rivières bougent, dévient leur trajectoire. L’Homme a trop souvent voulu « prendre le pouvoir » sur nos cours d’eau. Il les a fréquemment rectifiés, c’est-à-dire rendu linéaires et pour se faire bétonnés, canalisés. C’est en effet plus pratique, notamment dans les champs et les villes. Malheureusement, la rectification du lit des rivières n’est pas sans conséquence. L’eau s’écoule plus vite et ne déborde pas, ce qui provoque des inondations en aval. Ceci impacte aussi la faune piscicole qui doit continuellement lutter contre un courant fort et donc se fatigue et a du mal à remonter les rivières. Il est essentiel qu’un cours d’eau méandre pour permettre son débordement, pour que les sédiments (sables, limons…) se déposent au fond du lit, pour que les courants soient différents et que les espèces animales puissent trouver des zones de repos. Ainsi un cours d’eau qui méandre est un cours d’eau qui a plus de chance d’être en bon état écologique et qui causera moins de dégâts en cas de crue. Il est donc dans l’intérêt de nos territoires de conserver et de restaurer nos rivières. C’est là l’un des objectifs des contrats corridors, visant la reconquête de la stabilité écologique des trames vertes en bleues.


CRÉER UN CRAPAUDUC

Les amphibiens, espèces animales semi-aquatiques et semi-terrestres, comme certaines grenouilles, les crapauds, les salamandres et les tritons, passent l’hiver dans les sous-bois et migrent deux fois par an. Une première fois à la fin de l’hiver pour rejoindre les points d’eau dans lesquels ils se reproduisent et une seconde fois à l’automne pour rejoindre leur lieu d’hibernation (sol forestier). Lors de la migration de fin d’hiver, des milliers d’individus peuvent traverser la route au même endroit en quelques nuits. S’il n’y a pas d’aménagements spécifiques, ils se font forcément écraser. Or, la plupart de ces espèces sont protégées par la loi du fait de leur importance pour la biodiversité et de leur raréfaction. Faciliter leur déplacement est donc une action de préservation fréquente dans les contrats corridors. Il existe une solution : le crapauduc. Cet ouvrage consiste en l’aménagement d’un tunnel sous la chaussée avec des fossés imperméables le long de la route pour guider les amphibiens jusqu’au tunnel. Ils peuvent ainsi traverser sous la route et rejoindre leur destination sans risque d’écrasement. Rappelons que les crapauds et autres amphibiens sont importants pour l’équilibre des écosystèmes car ils font partie intégrante des chaînes alimentaires. Ils sont aussi un bon allié des jardiniers puisqu’ils mangent notamment les limaces. Ce type d’ouvrage est parfois plus imposant, offrant la sécurité à beaucoup d’autres espèces : l’écopont (cf projet « écopont »).

Chiffres clés : Parmi des solutions d’ores et déjà mises en place, nous pouvons citer celle « d’écuroduc » (système aérien pour permettre la traversée d’écureuils roux), ou de passage souterrain pour la petite faune (par exemple pour les amphibiens au moment de la migration entre la mare et la forêt). Des panneaux de signalisation sont aussi mis en place à certaines périodes de l’année sur des zones spécifiques. Le module « mortalité » désormais disponible sur l’application « Naturalist ». Depuis 2010, la LPO (ligue pour la Protection des Oiseaux) Isère est dotée d’une base de données collaborative, Faune-Isère, qui permet aux naturalistes ou aux simples curieux de nature de localiser et partager leurs observations de faune sauvage. Aujourd’hui, Faune-Isère compte plus de 3 000 contributeurs ayant renseigné plus de 2 000 000 de données.


CRÉER UN ÉCOPONT

Les infrastructures routières et ferroviaires sont d’importants obstacles aux déplacements des espèces. Plus la voie de circulation est large et fréquentée plus elle est dangereuse pour les animaux. Pour ce qui est des autoroutes, l’intrusion des animaux est empêchée par un haut grillage les longeant sur tout leur tracé. Ce dispositif constitue un obstacle infranchissable pour les espèces. Ce type d’infrastructure contribue au fractionnement des milieux naturels et génère l’isolement des réservoirs de biodiversité. Pour favoriser la traversée par les animaux des grandes voies de circulation, on procède à un guidage par de hautes clôtures, et des écoponts sont construits au-dessus des routes et des écoducs en-dessous. Un écopont est un large pont dont la surface est identique à un espace naturel muni de barrières occultantes pour que les animaux traversent sereinement. Leurs entrées sont en entonnoirs pour guider les espèces. Ainsi des milieux favorables sont reconstitués comme des prairies, rochers, ruisseaux, mares, haies et arbres afin qu’ils soient empruntés par la petite et grande faune. Ces infrastructures, très coûteuses, contribuent au rétablissement de la continuité écologique dans le cadre de la politique publique nationale de « Trame Verte et Bleue » destinée à préserver la biodiversité.

Chiffres clés : Le nombre d’écoponts et d’écoducs est estimé à 1 500, disséminés sur les 12 000 km du réseau autoroutier français. Soit 1 tous les 8 km. Il est plus difficile d’en créer sur des voieries existantes que lors de la création de routes.


CRÉATION DE PISTES CYCLABLES

Dans le contexte environnemental actuel de réchauffement climatique, des solutions doivent être trouvées et développées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et des polluants notamment dans les villes et agglomérations. Le secteur des transports étant l’un des principaux émetteurs. 74 % des français utilisent quotidiennement leur voiture pour se rendre au travail, sachant qu’en ville il est tout aussi (voire plus) rapide de se déplacer en vélo. Le problème principal de nos villes est que le réseau de pistes cyclables n’est pas assez développé. On dénombre des kilomètres de bande cyclable non sécurisés, mais trop peu de vraies pistes cyclables, séparées des voies de circulation dédiées aux voitures. Certaines villes françaises et d’autres pays européens sont très vertueux. La ville de Strasbourg compte plus de 50 % de sa voirie réservée aux cyclistes, soit 600 km d’itinéraires cyclables. Les Pays-Bas quant à eux comptabilisent 32 000 km de pistes cyclables. La France en compte moins de la moitié. Du fait de la réduction des polluants et des gaz à effet de serre mais aussi de leur végétalisation, leur création contribue à la préservation de l’environnement et à la réponse aux enjeux climatiques.

Chiffres clés : Entre 2000 et 2016 le nombre de morts à vélo a baissé de 36 % et il y a 3 fois plus de piétons décédés que de cyclistes par an.


ARRÊTER LES PRODUITS PHYTOSANITAIRES ET ENCOURAGER L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE

Depuis des décennies, le végétal sauvage (herbes folles) a été banni des villes. Les produits phytosanitaires ont largement pris place dans la gestion des espaces de nos villes et villages. Trottoirs, rues, parkings, espaces verts, cimetières, jardins publics et des particuliers, exploitations agricoles, bords de route... sont des lieux où les produits chimiques de synthèse sont utilisés pour détruire les « mauvaises herbes ». Or, ces produits ne sont pas sans conséquences sur la faune, la flore annexe, l’eau, l’air et les sols. L’Homme empoisonne l’environnement et s’empoisonne en les utilisant. Ces produits sont nocifs pour l’Homme car prévus pour détruire la vie. Ils peuvent être cancérogènes, perturber notre système immunitaire et endocrinien, nuire à notre faculté de reproduction… La collectivité a l’obligation réglementaire de trouver des alternatives à cette pratique d’un autre temps et d’en cesser l’utilisation. L’arrêt des pesticides se développe mais ce n’est pas toujours compris par les citoyens qui n’en soupçonnent pas l’intérêt pour eux et la nature. Parallèlement, l’Homme a tout intérêt à bannir également les produits phytosanitaires de ses productions agricoles car nous accumulons des pesticides dans notre corps en les mangeant, les respirant ou encore en les touchant. Par respect pour la biodiversité et notre santé il est essentiel de bannir leurs utilisations, ne serait-ce qu’au nom du principe de précaution.

La chasse aux idées reçues

- selon le Rapporteur Spécial sur le droit à l’alimentation de l’ONU, Organisation des Nations Unies, Olivier De Schutter, l’agroécologie peut doubler la production alimentaire mondiale en 10 ans. Pas besoin donc des produits chimiques pour éradiquer la faim dans le monde
- des centaines d’études montrent aujourd’hui le lien entre exposition aux pesticides et risques accrus de problèmes de santé
- l’agriculture totalise 90% des utilisations de pesticides, le reste se partage à 8% pour les espaces verts et 2% pour les jardins Action labellisée pour son impact positif sur la santé : l’arrêt des produits phytosanitaires diminue le risque d’exposition à des produits nocifs.

Chiffres clés : En moyenne une parcelle en agriculture biologique compte 30 % d’espèces en plus qu’une parcelle sur laquelle sont utilisés des pesticides.


LIMITER L’ÉCLAIRAGE NOCTURNE

Tous les êtres vivants naissent, grandissent et meurent. Pour accomplir ce cycle de vie il leur est nécessaire de boire, manger, respirer et avoir une alternance jour / nuit. Cette alternance, de même que les changements de température et la durée du jour, est indispensable aux espèces nocturnes, qui pendant la nuit, chassent, se reproduisent et vivent. Les espèces diurnes, quant à elles, ont également besoin de la nuit pour se reposer, se mettre à l’abri des prédateurs. Pour l’Homme, la nuit est le moment de repos pendant lequel le cerveau classe les informations, la tête se repose. Vivre dans une société où la nuit n’existe plus n’est donc pas acceptable. L’éclairage nocturne permanent des rues, des bâtiments, des vitrines etc. perturbe donc la vie des animaux nocturnes et diurnes. Dans les contrats corridors, les trames vertes, bleues et noires sont les sujets des actions en faveur de la biodiversité. Éteindre l’éclairage public entre 23h et 5h, aux heures où l’Homme dort, permet le maintien de la biodiversité. D’autres mesures sont déployées comme le choix des lieux à éclairer et les types d’éclairage (intensité, spectre d’éclairage). De nombreuses communes s’y sont mises alors pourquoi pas la vôtre !

La chasse aux idées reçues

Sans éclairage nocturne, on constate aussi une baisse des incivilités, du vandalisme, des dégradations, des tags et du tapage nocturne. Les vols de voitures déclarés sont également moins nombreux. Le piéton : le thème de l’insécurité n’est pas seulement lié à l’éclairage mais également à la fréquentation de la rue empruntée, sa largeur, les infrastructures… Ce sentiment d’insécurité dépend également de l’imaginaire de chacun et de son expérience. L’automobiliste et le cycliste : il a été démontré que les véhicules roulaient moins vite sur des routes non éclairées et que la vigilance des conducteurs était plus importante face aux éventuels dangers de la route. Les agressions, les cambriolages et les incivilités : les agresseurs et cambrioleurs ayant besoin de “visibilité” pour commettre leurs méfaits sont gênés par l’extinction des lampadaires la nuit. Se munir d’une lampe torche pour le cambrioleur risque de le faire repérer. On observe une majorité de cambriolages la journée et non la nuit.

Chiffres clés : Selon l’ADEME, 7h d’extinction permet de faire 50 - 60 % d’économie d’énergie et de baisser de 30 % la facture énergétique de la commune.


DÉVELOPPER UN RÉSEAU DE CHALEUR URBAIN AU BOIS

Les réseaux de chaleur sont des vecteurs importants pour le développement des énergies renouvelables de façon massive en substitution des énergies fossiles. Ils peuvent fonctionner à partir de différents types d’énergies comme la géothermie, les énergies fatales type biogaz, mais c’est le bois qui reste le principal combustible aujourd’hui. Leur fonctionnement repose sur une chaufferie centrale qui produit de la chaleur livrée par des réseaux de distribution afin d’alimenter en chauffage et en eau chaude sanitaire les bâtiments raccordés. En vous raccordant à un réseau de chaleur, vous bénéficiez d’une énergie durable locale tout en contribuant à la baisse des émissions des GES (Gaz à Effet de Serre). Par des systèmes de filtration performants, une chaufferie bois est nettement moins polluante qu’un chauffage bois individuel. En parallèle, vous contribuez au développement d’emplois locaux non délocalisables (filière bois énergie, exploitation du site). En parallèle, il existe également, des réseaux de froid urbains qui fonctionnent à partir de ressources renouvelables et de récupération pour le rafraichissement des bâtiments.

La chasse aux idées reçues

Un réseau de chaleur urbain pollue moins que des foyers individuels car il est équipé de filtres pour traiter les polluants émis et sa maintenance est garantie permettant une meilleure combustion.

Chiffres clés :
- 6 000 réseaux de chaleur et de froid en Europe
- modèle très répandu dans les pays d’’Europe du Nord notamment :
• en France 761 réseaux de chaleur et 21 réseaux de froid
• la part des ENR dans les réseaux de chaleur progresse : 56% en 2017 contre 27% 10 ans avant. En conséquence, le CO2 contenu et émis par les réseaux de chaleur diminue progressivement.


CRÉER UN ÉCO-QUARTIER EN RENOUVELLEMENT URBAIN

Le renouvellement urbain se définit comme la reconstruction de la ville sur elle-même et le recyclage de ses ressources bâties et foncières. À l’heure où les effets des changements climatiques sont importants en ville (fortes chaleurs, pollutions…), il est indispensable de diminuer l’impact environnemental de notre quotidien et de nos habitations (consommations d’énergie et d’eau, productions de déchets…). La reconversion de nos quartiers en éco-quartier fait partie de la solution. Pour bénéficier du label Eco- Quartier il faut que celui-ci réponde à un référentiel basé sur 4 critères : démarche et processus, cadre de vie et usages, développement territorial, environnement et climat. Ainsi, une attention particulière doit être portée pour répondre aux enjeux environnementaux : traitement des eaux de pluie, diminution et valorisation des déchets, prise en compte d’une densité raisonnable et intégration de la biodiversité urbaine, développement des transports en commun et des transports « doux » et non polluants (voies piétonnes, pistes cyclables…), sobriété énergétique et développement des énergies renouvelables, écoconstruction répondant à des normes exigeantes. Il offre une qualité de vie meilleure à ses habitants en trouvant une place pour la biodiversité en ville, et répond aux enjeux climatiques.

La chasse aux idées reçues

Un éco-quartier n’est pas une juxtaposition de bâtiments performants énergétiquement ; uniquement un projet d’urbanisme à l’architecture contemporaine ; un quartier « bobo » ; un lieu fermé sur lui-même ; un lotissement où le seul produit logement disponible est une maison individuelle ; un quartier réservé aux zones urbaines et périurbaines.».

Chiffres clés : La consommation énergétique des habitations des éco-quartiers doit respecter la norme RT2012 et ne doit donc pas dépasser les 50kWh/m²/an (pour une température intérieure de 19°C) soit 3 à 6 fois moins que l’habitat « classique ».


ARASER UN SEUIL EN RIVIÈRE

Les rivières et autres cours d’eau ont fortement été anthropisés. Seuils de dérivation, barrages, petites retenues… sont autant d’obstacles à la libre circulation dans nos rivières. La faune aquatique – poissons et petites bêtes –a besoin de se déplacer, comme beaucoup d’êtres vivants, pour se reproduire, s’alimenter, se mettre à l’abri. Ces aménagements entravent l’accomplissement de leur cycle de vie. Ainsi, truites, saumons et anguilles ne peuvent plus remonter les rivières pour se reproduire et la richesse biologique des cours d’eau s’amenuise. C’est tout un écosystème qui se voit perturbé. La politique actuelle en matière de gestion des cours d’eau vise à l’effacement (destruction de l’obstacle et reconfiguration naturelle de la rivière) de ces seuils (ou au moins à les aménager pour permettre leur franchissement via des passes à poissons). Ces milieux naturels constituent les trames bleues, prioritaires dans les différents plans de gestion pour la biodiversité : contrats de rivières, schémas directeurs, contrats corridors biologiques. Leur bon état de conservation et leur restauration sont indispensables à la continuité écologique dont nos territoires ont besoin en ces temps de bouleversement climatique.

La chasse aux idées reçues

Un ouvrage (seuil, barrage) ne garantit pas d’avoir de l’eau toute l’année. Les sécheresses sont dues au manque de précipitation en amont. Un ouvrage laisse passer l’eau mais s’il n’y en a plus en amont, même avec un seuil, il n’y en aura plus en aval. L’arasement d’un seuil ne favorisera pas les crues car celui-ci, en période de fortes précipitations n’a pas la capacité de retenir le volume d’eau descendant. Si l’on supprime un seuil, nos poissons vont disparaitre ! Faux car la qualité biologique de la rivière dépend de ses habitats (berges, fond), ses végétaux, ses animaux et de la qualité physico-chimique de l’eau (température, nutriments, etc.). De plus, cela redonne accès aux zones de reproduction.

Chiffres clés : En France, on dénombre au moins 60 000 seuils et 700 barrages.


ACHETER DES TERRAINS À PROTÉGER

Certaines parcelles foncières, dont l’intérêt dans la continuité écologique et pour la préservation de la biodiversité est prouvé (zones humides, îlots de forêt...), peuvent être menacées de disparition. Assèchement par drainage, pression de l’urbanisation, bétonisation, développement économique, étalement urbain, exploitation à des fins économiques, enclavement... sont autant de menaces pesant sur les milieux naturels. La collectivité peut faire le choix d’acquérir certaines parcelles en vue de leur conservation. En France, de nombreux terrains ont été achetés puis « classés » pour faire barrage à des projets démesurés et/ou inutiles. Il n’est pas rare qu’un maire acquiert quelques ares ou hectares, comme sur la commune de Saint-Paul-en-Cornillon, dans la Loire, pour leur garantir un statut qui n’impactera pas leur valeur écologique, en proposant de les inscrire dans le périmètre de la Réserve Naturelle Régionale jouxtant la commune. Ces espaces continuent donc de jouer leurs rôles de réservoirs de biodiversité favorisant des lieux de reproduction, d’alimentation, de déplacement et d’abri pour de nombreuses espèces animales et végétales. Cette maîtrise foncière contribue au maintien de la biodiversité et à la protection des milieux naturels nécessaires et définis dans les contrats corridors de nos territoires.

La chasse aux idées reçues

L’écotourisme connait une croissance 3 fois plus élevée que les autres secteurs touristiques. 25 millions de personnes pratiquent des sports de nature. L’acquisition et la préservation durable de 40 hectares de forêts alluviales coûte en général moins de 100 000 € alors qu’un km d’autoroute coûte 6,2 millions d’euros. Protéger les zones humides coûte 5 fois moins cher que de compenser la perte des services qu’elles nous rendent.

Chiffres clés : Selon l’Union Internationale de Conservation de la Nature de France, le Conservatoire du littoral, les Conservatoires d’Espaces Naturels et les départements possèdent plus de 5 700 sites protégés soit près de 332 000 ha sur le territoire métropolitain.